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PRESSE 

ARTICLES PARU DANS LA PRESSE OU GUIDES DE VOYAGE

TELERAMA 21 septembre 2025


Balade en Ariège, quand le sous-préfet Haussmann administrait la “maison des fous” de Saint-Lizier

Avant de mettre Paris en chantier, Eugène Haussmann était sous-préfet dans le Couserans. Joyau de cet écrin des Pyrénées : la cité médiévale de Saint-Lizier. Et à proximité, de nombreux sentiers de randonnée.

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Depuis la terrasse de l’ancien palais des Évêques, vue sur la cathédrale Sinat-Lizier et les Pyrénées. Photo Arnaud Spani/Hemis

 

Par Mathieu Braunstein

Publié le 21 septembre 2025 à 09h00

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Adossé au massif du mont Valier (2 838 mètres), dans les Pyrénées centrales, le Couserans est un pays de rivières, de forêts et de contrebande. Eugène Haussmann (1809-1891) y est nommé sous-préfet en février 1840, pour surveiller la frontière avec l’Espagne, alors en proie à une guerre civile. Dans ses Mémoires, le haut fonctionnaire (qui deviendra baron sous le Second Empire) consacre plusieurs dizaines de pages à son séjour ariégeois… sans jamais laisser filtrer le nom de Couserans, symbole alors d’Ancien Régime. Il prend ses fonctions à Saint-Girons et — la sous-préfecture n’étant pas meublée — loue un appartement à l’Hôtel de France (aujourd’hui disparu). Le futur préfet de la Seine se trouve ainsi aux premières loges pour constater que se tient dans la petite ville, tous les samedis, « un marché très actif ». Reconnaîtrait-il, sous les platanes de la rue du Champ-de-Mars, la population de retraités et de néoruraux descendue des vallées ? La région, qui mise aujourd’hui sur le tourisme vert, a en tout cas beaucoup à offrir. On y fait provision de bethmale, fromage de vache au goût prononcé ; on y réclame de la viande de cochon élevé sur paille ; on s’y régale de croustades à la pomme, à la poire ou aux myrtilles.

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Le cloître roman de la cathédrale Saint-Lizier. Photo AWP/Alamy Stock Photo

 

De Saint-Girons, le « sous-préfet à cheval » parcourt régulièrement les 3 kilomètres le séparant de Saint-Lizier, l’ancienne capitale des évêques du Couserans, juchée au sommet d’une colline. Malgré sa petite taille, la cité possède le privilège d’abriter deux cathédrales. Mais à l’approche du premier rempart, on ne voit que le palais épiscopal, imposant bâtiment d’époque moderne (XVIIe-XVIIIe siècles) qui se distingue par plusieurs tours et trois beaux étages de fenêtres.

La découverte de Saint-Lizier se fait d’abord par la cathédrale basse, édifice roman pris dans le tissu urbain, que l’on confondrait presque avec une modeste église de village. Au fond de la nef, une porte conduit vers un charmant cloître, orné de trente-huit délicates colonnes et d’un parterre d’acanthes. Dans le chœur, le regard est aimanté par le Christ de la voûte et les apôtres et Rois mages polychromes de l’abside, œuvres d’un artiste catalan du XIIe siècle (le Maître de Pedret)… dont le visiteur du XIXe siècle ne pouvait pas soupçonner l’existence, car ils étaient à l’époque recouverts d’un épais badigeon.

À lire aussi :

Haussmann, éventreur ou inventeur de Paris ?

À vrai dire, c’est principalement dans la ville haute que ses affaires amenaient le sous-préfet Haussmann. Après la Révolution, le palais des Évêques a été brièvement transformé en tribunal civil puis en prison, avant d’être utilisé comme maison d’aliénés — une situation qui perdurera jusqu’en 1969. Il a depuis été transformé en musée départemental, consacré à l’histoire du site depuis sa fortification par les Romains. À l’arrière du bâtiment, un passage donne accès à la cathédrale haute, Notre-Dame-de-la-Sède, riche de rafraîchissantes peintures Renaissance qui lui valent aujourd’hui le surnom de « chapelle sixtine ariégeoise ». Ici aussi, les figures de sibylles et de patriarches logées dans les trois travées de la voûte sont restées masquées jusqu’en 1992 par un décor en faux marbre. Clou de la visite : la révélation d’une dernière fresque et de deux chapiteaux romans dissimulés par les boiseries amovibles du chœur.

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Eugène Haussmann vers 1860. Photo adoc-photos

 

À l’époque d’Haussmann, comme nous le rappelle la dernière salle du parcours, l’hospice accueillait plus de deux cents malades, hommes et femmes, mais aussi des vieillards sans ressources et des orphelins, encadrés par une poignée de religieuses et laissés pour partie en autogestion. Afin d’améliorer les conditions d’accueil, le futur ordonnateur des grands travaux parisiens préconise l’acquisition de terrains attenants à l’asile et la construction de salles de bains.

Pour suivre les traces du sous-préfet féru de géologie et d’hydrologie, on peut encore entreprendre une excursion en montagne, par les vallées du Lez et du Biros, « parsemées de chapelles ». Comme celle d’Audressein où, sous le porche, d’édifiantes peintures Renaissance figurent la libération d’un prisonnier ou le repentir d’un assassin. Sur la pente escarpée conduisant à l’étang d’Araing, on croise de nombreux randonneurs du GR10, engagés dans la courageuse traversée des Pyrénées. Haussmann affirme être monté avec son domestique et trois douaniers jusqu’au pic de Crabère (2 630 mètres). Il y aurait gravé la date de son ascension dans la roche. Allez savoir, elle s’y trouve peut-être encore.

VISITER

 

  • 1. Dans la ville basse de Saint-Lizier, la pharmacie de l’Hôtel-Dieu est restée inchangée depuis le XVIIIe siècle. On y apprend la composition du « vinaigre des quatre voleurs » et on frémit devant la trousse de chirurgien.

  • 2. À Soueix-Rogalle, à 15 kilomètres de Saint-Girons, le musée des Colporteurs, reconstituant une ancienne épicerie, raconte la vie de ces paysans pauvres qui s’aventuraient sur les routes, un chargement hétéroclite sur le dos, jusqu’en Amérique. Tél. : 05 61 01 74 87.

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SE RESTAURER

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  • 1. Le Carré de l’ange, sur la terrasse du palais des Évêques, vaut davantage pour la vue sur la ville basse et la chaîne pyrénéenne que pour la générosité de son assiette. Autour de 40 €.

  • 2. Quelques centaines de mètres plus loin, La Grange de la cité propose dans une atmosphère de guinguette des plats, des pizzas au feu de bois et de rafraîchissants cocktails à base de cidre ou d’hydromel. À partir de 19 €.

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DORMIR

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  • 1. À l’entrée de Saint-Girons, L’Enclos des jacobins est une accueillante maison d’hôtes, dont le propriétaire se révèle une mine d’informations sur la ville et sa région. À partir de 75 € la nuit.

  • 2. À 19 kilomètres de Saint-Girons, la Maison du Valier offre aux amateurs de montagne un cadre d’altitude, avec différentes gammes d’hébergement et de restauration. À partir de 61 €.

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